jeudi 11 janvier 2007

Le Relais de Poste de LAUNOIS sur VENCE

Le Relais de Poste de Launois-sur-Vence

Le Relais de Poste aux Chevaux et de Messageries Royales a été instauré en 1654.
Il est doté de la demeure du maître de poste, flanqué de ses portes charretières, surmonté de la loge du guetteur, d'une vaste halle aux diligences, il possède une suites d'écuries, il été équipé d’un pressoir, d'une bergerie, d'une immense cave voûtée qui actuellement est aménagée en accueil de restauration (classé Monument Historique).



Histoire du monument

Classé à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historique le 1er janvier 1994, ce chef d'œuvre des Compagnons Charpentiers ardennais est devenu un haut lieu de l'animation culturelle et touristique en Champagne-Ardenne.
Voué à l'oubli et l'abandon, ce patrimoine architectural doit, dés 1980, sa réhabilitation et sa notoriété à la mise en place d'une Association de Sauvegarde du Patrimoine au travers de l'animation.Bien que le Relais de Messageries et de Poste aux Chevaux de Launoy soit visité par plus de 60 000 visiteurs par an, il demeure encore méconnu de beaucoup de nos habitants. Certains n'ont encore jamais franchi le porche de son entrée charretière et la plupart ignorent aussi son histoire et ses origines…
Il est important de savoir qu'il est considéré comme unique en France de par ses importantes dimensions et par la conservation complète de tous les éléments caractéristiques d'un ensemble en forme de quadrilatère.
Edifié en 1654 pour desservir le transport par diligences entre Paris et Sedan, il se situait en position stratégique à la croisée de grands itinéraires reliant Amsterdam à Marseille (ouvert à de grands négoces), Paris à Sedan (cité importante pour ses fabriques de draps), via Charleville, alors réputé pour sa manufacture d'armes, mais aussi… pour le transport du saumon pêché par les moines dans la Semoy afin d'alimenter les tables royales du Château de Versailles. Sachez que la plaque du brassard de postillon de Launoy, au musée d'Amboise, porte une devise avec le mot " saumon ".
Le Relais de Poste aux Chevaux de Launoy était une dépendance des Messageries Royales, ouvert de jour et de nuit au trafic des voyageurs et des marchandises. La porte charretière Nord est d'ailleurs surmontée de la loge du guetteur qui était chargé de la surveillance de nuit et de la réception des attelages attardés par des avaries. Une coursière était aménagée dans les combles pour lui permettre de passer d'une porte à l'autre, surveillant ainsi l'extérieur et l'intérieur du bâtiment.L'importance de la halle aux diligences, le nombre des écuries, les proportions des greniers à foin, des réserves à grain, les dimensions des deux hautes portes charretières, l'imposante demeure du Maître de Poste dotée d'une table d'hôtes et surmontée de ses chambres pour voyageurs… sont le vivant témoignage d'une intense activité.Les convois qui empruntaient la Voie Royale, actuelle RD3, étaient en proie aux difficultés de route par monts et par vaux avec ses pénibles côtes et descentes. D'où les bornes chasse-roues du lieu-dit Mérale, appelées les 24 bornes installées par Mr Potier, Maître de Poste, pour éviter la chute des équipages dans le précipice, par relâchement des freins.
Autre difficulté de l'époque… Barbe en Croc, ce bandit de grand chemin, ce détrousseur de diligences, terreur des voyageurs au lieu-dit qui porte son nom. Les voyageurs d'alors n'avaient qu'une hâte : arriver à bon port à l'accueillante hostellerie du Relais de Launoy. Sachez que les factures de messageries commençaient par " à la grâce de Dieu ", présageant de l'insécurité du transport.
C'est en ces lieux chargés d'histoire et d'anecdotes que l'Association Culturelle de Launois a acquis ses lettres de noblesse. Dés 1975, une dynamique nouvelle s'est instaurée dans notre département grâce à Launois qui reçoit un " Blason de l'Animation des Villages de France ". La mise en place d'un marché officiel de l'antiquité, du Festival des Métiers d'Art, du Salon de la voiture ancienne, des Floralies d'automne, de la Foire aux Vacanciers, du Salon Gastronomique des Produits de Terroirs, du Salon de Printemps du Jardinage, ont fait que cette Association s'est vue décerner par le Ministère le titre de Chevalier du Mérite Agricole, en récompense du développement culturel apporté en milieu rural. Puis vint la Médaille Nationale du Tourisme pour notre contribution au développement touristique en Ardenne.
Cette action repose sur la générosité d'un strict bénévolat et tous les excédents de recettes sont consacrés à la sauvegarde de ce patrimoine qui enrichit le Fond National des Monuments Historiques.

Description de ses bâtisses

Les bâtiments actuels se composent d'un corps de logis, d'écuries surmontées de greniers, d'une ancienne bergerie et d'une halle. L'ensemble constitue l'ancien relais de poste de Launois daté généralement du XVIIème siècle.

Le corps de logis

Le bâtiment orienté est-ouest présente une série de percements réguliers sur deux niveaux. La porte d'entrée possède deux pilastres dans l'esprit de la seconde moitié du XVIIIème siècle. La façade ouest montre de nombreuses reprises de parement mélangeant la brique et la pierre. Le bandeau est interrompu. L'intérieur est partagé en une série de petites chambres dont certaines ont des cheminées en marbre noir typiques du siècle dernier. Deux pièces ont été accolées au bâtiment au nord et au sud, peut-être à la fin du XVIIIème siècle. On voit dans les combles, les anciennes ouvertures du logis principal. L'ensemble de ce bâtiment sans grande particularité et fortement modifié au siècle dernier possède cependant une façade sur la rue qui évoque la seconde moitié du XVIIIème siècle. Il est entouré par deux portes charretières.

Les anciennes écuries et les anciens greniers

Les bâtiments s'allongent sur 67,50 mètres pour une largeur de 9,60 mètres. Au rez-de-chaussée, ils forment 4 anciennes écuries. Certaines sont encore pavées et possèdent des râteliers. L'une d'entre elles, voisine de l'ancienne maréchalerie détruite peu après 1918 d'après le propriétaire, a conservé une potence servant à maintenir les chevaux pendant l'opération de ferrage. L'utilisation des bâtiments comme exploitation agricole les avait transformés à l'ouest, en poulailler, laiterie et boulangerie.
On accède à l'étage par un escalier en bois simple et élégant. La partie est du bâtiment forme un immense grenier à foin. Les poteaux soutenant la charpente s'appuient contre les murs. Le reste du grenier, plus bas, était réservé à entreposer du grain. Une partie de la charpente a été refaite. L'ensemble de ce bâtiment en pierre figure sur le cadastre ancien de 1826 et de 1844. L'édifice peut donc dater de la période où Launois était un relais et remonter au début du XIXème siècle.

L'ancienne bergerie

Au sud-est des anciennes écuries s'élève un bâtiment rectangulaire de 18 mètres de long sur 8,70 mètres de large. La façade nord présente une série de poteaux en bois entre lesquels on a élevé des maçonneries. La partie supérieure est en pans de bois. La façade sud est en pierres, comme celle de la halle. A l'intérieur, un plafond en torchis comme dans les anciennes écuries, sépare le bâtiment en deux niveaux.

La Halle

Construite au sud, à l'opposé des anciennes écuries, elle offre de grandes dimensions : 60 mètres de long sur 25 de large (dont 17,50 mètres de large donnant sur la rue). Elle se compose à l'intérieur de 12 travées réparties sur la moitié environ du bâtiment (32,50 m) en 3 nefs puis en 4 nefs. Dans la première moitié à l'ouest, l'ensemble est séparé en deux parties : l'une, occupant une nef, a servi d'écurie (à l'est) et l'autre (à l'ouest) de cidrerie. Il reste à l'intérieur de la cidrerie le broyeur et le pressoir. Sous la partie nord du bâtiment se trouve une cave présentant un voûtement en arc légèrement brisé. Elle peut donc être datée au moins du début du XIXème siècle.
A l'intérieur de la halle, 42 poteaux d'une seule pièce forment un ensemble monumental et non dénué d'élégance. L'assemblage est traditionnel à tenons et mortaises. L'ensemble est maintenu par des chevilles. Il faut remarquer, comme dans la bergerie, que des murs de remplissage ont été élevés entre les poteaux, dans la première moitié nord du bâtiment.

Le cadastre de 1826 montre une grange différente à celle d'aujourd'hui. Seule la longueur nord (32,50 m) correspond avec le cadastre actuel. La façade sur rue qui faisait 7,50 mètres en fait 17,50 aujourd'hui ; la façade est avait une largeur de 12,50 mètres, 25 aujourd'hui. La partie nord-est a donc été considérablement élargie ainsi que la partie sud. Les matrices cadastrales de l'époque séparent la grange en 2 parcelles, l'une étant dénommée bâtiment rural et l'autre maison, cour et sol. Le corps de logis est cependant englobé dans cette parcelle. Alexis Potier vendit ces 2 parcelles à son fils, Auguste, maître de poste en 1839.
On peut donc penser qu'Auguste Potier, quand il a abandonné le relais de poste dans la seconde moitié du XIXème siècle a transformé une petite grange en une halle plus adaptée à la nouvelle fonction agricole de sa propriété. La halle, dans son état actuel, date donc en très grande partie de la seconde moitié du XIXème siècle. Seul, le mur nord sur 32 mètres date au moins du cadastre de 1826 !
Des traces de percements sont visibles sur le mur pignon de la halle, côté rue. Il est probable que lors de la reconstruction de celle-ci, on a envisagé de l'aménager ultérieurement, en partie, en logement. Il faut noter aussi que les documents cadastraux ne mentionnent pas ces transformations, ni la destruction d'une ancienne maréchalerie et d'un autre bâtiment annexe visible sur le plan cadastral ancien. Il est possible que l'ancienne maréchalerie aurait été abattue après la guerre de 1914.